L’approche que nous adoptons pour enseigner les bases du parkour en gymnastique n’a rien d’un parcours classique. On commence toujours par l’idée que le mouvement, avant d’être maîtrisé, doit être ressenti—vraiment ressenti. Les débutants, souvent, arrivent avec cette peur tenace d’échouer ou de ne pas être assez "souples". Mais on ne court pas après la souplesse ici, pas au début. On privilégie l’instinct, la conscience du corps dans l’espace. Prenez, par exemple, l’apprentissage d’un simple saut de précision. Plutôt que de parler directement de “distance” ou de “technique”, on invite les élèves à écouter leur propre élan, à sentir le moment où leurs pieds quittent le sol, comme si le saut lui-même leur apprenait quelque chose. C’est une approche qui peut sembler lente, presque frustrante pour certains. Et pourtant, c’est là que tout commence à changer : quand ils réalisent que le parkour n’est pas une question de force ou de courage, mais d’adaptation. Vous voyez les hésitations physiques se transformer en mouvements fluides, et ça, c’est un moment qu’aucune instruction rigide ne peut produire. Mais, soyons honnêtes, il y a des zones grises. Pourquoi certains progressent-ils plus vite que d’autres ? Est-ce une question de confiance innée, ou de simples différences dans la manière dont chacun accepte l’échec ? On ne résout pas toujours ces mystères. Ce qui est sûr, c’est qu’à mesure que l’on avance, on insiste sur des détails que d’autres formations négligent : le silence des atterrissages, par exemple. C’est un petit détail, mais il en dit long sur la maîtrise. Un débutant frappe souvent le sol comme s’il voulait le punir—un pratiquant, lui, s’y pose comme si le sol l’invitait. Ce qui distingue nos élèves à la fin, ce n’est pas seulement leur capacité à franchir des obstacles, mais leur manière de les aborder : avec calme, avec une sorte de respect pour le chemin devant eux. Et ça, on ne l’enseigne pas, on le découvre.